Bedtime Stories

La Meilleure Amante

J'avais vraiment besoin de te retrouver cette dernière nuit. Je sais que j'ai tendance à te négliger parfois. A te délaisser pour me retrouver dans d'autres lits, en compagnie d'autres. Mais je reviens toujours à toi. Et tu ne te refuses jamais à moi. Hier soir tu as été sublime. Tu as enveloppé mon corps nu de ton étreinte douce et réconfortante. J'ai frotté mon sexe érigé contre ta peau cotonneuse. Tu es restée silencieuse, comme toujours, mais je sais que malgré tout, tu en as retiré du plaisir ; à ton contact j'ai ressenti une sensation de chaleur qui se dégageait de toi, rendant ma peau moite d'excitation. Ton mutisme n'a d'égal que ton endurance et ta gourmandise à vouloir m'avaler en toi... Tu ne m'as pas lâché jusqu'au petit matin, me serrant dans tes bras, et tu en redemandais encore et encore. Avec toi je me couche épuisé et je me lève épuisé ; mais au moins parfois tu me procures l'oubli et la petite mort qui me sont nécessaires.

Je ne sais si je mérite ta fidélité et ton abnégation à me servir, et je sais que je suis un salaud. Sans même te demander ton avis ni ton approbation, j'en ramène d'autres. Je les couche en travers de ton corps tout entier, je les caresse, je les fouille de mes mains, de ma langue, de ma queue dressée et toi, sans broncher, tu subis, te contentant de recevoir la transpiration qui perle de la peau de ces garces excitées, leurs sécrétion vaginale, buccale, écoutant leurs gémissements. Et parfois -ô heureux moment-, ces gourmandes laissent échapper un peu de ma semence qu'elles récoltent en aspirant mon vit. Un peu de foutre qui coule le long de leur menton, qui glisse entre leurs doigts avides et qui tombe sur ta peau poreuse telle une pluie rare et bienvenue sur une terre desséchée. Tu n'en es que bien plus heureuse d'être souillée par cet offrande involontaire et tu la bois et tu l'aspires et tu portes fièrement cette tâche humide qui séchera bientôt, contente d'avoir été marquée.

Et puis le jour vient, ce jour qui nous sépare, ce moment où je t'abandonne, où je te laisse seule pendant de longues heures et pendant lesquelles, désoeuvrée, inutile, tu m'attends patiemment, comptant les minutes, les secondes dans l'appartement vide et silencieux. Mais tu prends ton mal en patience, avec l'espoir et la certitude que bientôt, accablé par le poids de la journée, fatigué de porter mon propre être, je viendrai me blottir contre ton corps pour trouver le repos et l'oubli. Car au fond de toi tu le sais pertinemment, que je te serai fidèle jusqu'à mon dernier jour, et que chaque soir je viendrai me coucher en toi.

 

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.


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